Moi, mère d’enfants métis.

Je suis d’origine Rwandaise et j’ai vécu là bas longtemps. En tant qu’enfant je ne le réalisait pas à l’époque mais les petits métis étaient comme des phénomènes de foire. On courrait dernière eux en disant « muzungu« , tout le monde touchait leurs cheveux, bref on était fasciné. Avec le recul je me rends compte à quel point ça devait être horrible pour eux de ne jamais avoir la paix et d’être ainsi stigmatisés car enfin de compte ils étaient rwandais autant que nous, la plupart part ne parlaient aucune autre langue que le kinyarwanda, n’avaient jamais mis les pieds ailleurs que dans leur village et ils évoluaient souvent dans des familles très pauvres.

Antoinette est une amie de longue date de ma famille, ils ont grandi dans le même coin. Quand elle m’a parlé de son projet de créer cette association, je n’ai pas hésité une seconde.
Après avoir été témoin de situations familiales précaires de certains métis, c’était une évidence.
Dans nos pays des grands lacs, la pauvreté est omniprésente, il y a encore un grand nombre d’enfants vivant dans des conditions extrêmes. Cependant quand il s’agit des métis c’est une double exclusion car en plus d’être pauvre ils sont considérés comme étrangers dans leurs propres pays. Ayant grandi dans un magnifique pays mais à une époque sombre où les différences idéologiques, physiques causaient la mort, j’ai eu un aperçu de ce que pouvait engendre l’ignorance.

A l’âge adulte j’ai rencontré mon mari d’origine belge et nous avons 2 magnifiques jeunes garçons. Il a toujours été évident pour nous de parler à nos enfants de la richesse de leurs deux cultures, des différences de ces cultures qui les rendent en même temps tellement complémentaires. J’essaie de leur apprendre l’acceptation de soi en tant que citoyens du monde avant tout sans pour autant perdre leurs identités. Notre but est qu’ils n’aient jamais honte de l’une ou l’autre origine mais qu’ils puissent s’épanouir en tant que métis du monde.